Un article de Lucien Logette pour le site de VOD UniversCiné
B comme… Charles Belmont
C’est comme acteur qu’il débute, à l’orée des années 60, sous la direction de réalisateurs de la Nouvelle Vague (Claude Chabrol, Jean-Pierre Mocky) et de la vague qui se retirait (Henri Decoin)…
En 1968, pour sa première réalisation, il ose ce que personne n’avait osé : tourner L’Écume des jours, au moment où la légende autour de Boris Vian était déjà bien établie. Le film, présenté quelques semaines avant mai 68, n’eut guère d’écho et fut fraîchement accueilli par les vianolâtres, criant à la trahison. Une nouvelle sortie, trente ans plus tard, a pourtant prouvé l’intelligence de son adaptation et la justesse des comédiens utilisés (Sami Frey, Marie-France Pisier, Jacques Perrin).
Rak (1972), très émouvante évocation de la mort de sa mère, recréée par Lila Kedrova, fut suivi d’Histoires d’A (1973, cosigné par Marielle Issartel), documentaire sur l’avortement, immédiatement interdit et qui fut longtemps l’objet de projections militantes.
Le sujet de Pour Clémence (1976), un ingénieur qui plonge dramatiquement dans le chômage, vint trop tôt, dans une période où le problème ne se posait encore pas : le film, prémonitoire et dérangeant, fut un échec immérité. Belmont dut attendre trente ans, après un détour par le documentaire (Les Médiateurs du Pacifique, 1997, sur les événements tragiques de la Nouvelle-Calédonie), pour renouer avec le cinéma de fiction avec Qui de nous deux, d’après le journal d’adolescence de sa fille, qui interprète à l’écran son propre personnage.
Ce sera son dernier film ; malade, il se donne volontairement la mort en mai 2011.
Charles Belmont ou le méconnu : une carrière prometteuse, trop rapidement interrompue, et une œuvre ancienne attachante, trop peu regardée et qu’il convient de redécouvrir.