L’Écume des Jours – Le Débat

Le débat, projection du 11 avril 2015 dans le cadre du Panorama Charles Belmont, L’Éclaireurau cinéma La Clef à Paris.

Ce qui importe le plus dans L’Écume des Jours, ce n’est pas que Charles Belmont ait gardé l’esprit du livre de Vian, mais qu’il en ait gardé le cœur.

Jacques Prévert

Débat animé par Nicolas Tarchiani du cinéma La Clef, avec Annie Buron (rôle de Chloé), Alexandra Stewart (rôle d’Isis), André Michelin (producteur), Christelle Gonzalo et François Roulmann (responsables de l’édition critique de l’œuvre littéraire de Boris Vian en Pléiade), Monique Armelle Renault (réalisatrice du générique) Marielle Issartel (compagne de Charles Belmont, assistante au montage de L’Écume des Jours).

André MICHELIN – À l’époque, personne n’avait envie de produire ce film. En plus, je l’ai produit avec un metteur en scène qui n’avait jamais fait de long métrage, et qui n’avait fait qu’un court métrage, Un Fratricide , que j’avais déjà produit.

L’aventure avec Charles, c’était ou tout, ou rien. Je l’ai rencontré sur un tournage, un film que j’ai produit également, d’Henri Decoin, avec Eddie Constantine, qui était tout à fait autre chose. J’ai compris que c’était un type tout à fait absolu, passionné,

Bande annonce de L’Écume des Jours, le film

Le DVD de L’Écume des Jours s’est fait attendre… … mais pour l’année du centenaire de la naissance de Boris Vian, ce film se devait d’être visible. Les efforts de la bande des quatre ont réussi à convaincre StudioCanal, qui en détient les droits, au doux son des espèces trébuchantes.

C’est ainsi que François Roulmann et Christelle Gonzalo, deux spécialistes de Boris Vian reconnus, ont lancé la machine avant Noël, que Marielle Issartel et Francis Lecomte l’ont alimentée, que le confinement n’a pu l’arrêter et que le 10 juin 2020 paraissait le joli bébé. Tant de gens le réclamaient depuis longtemps qu’il se vend ma foi, pas mal du tout !

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L’Écume des Jours, un bijou de 1968

PAR JEAN-JACQUES BIRGÉ, musicien

Si la version de Michel Gondry sortie en 2013 est à oublier séance tenante, il est merveilleux de retrouver L’écume des jours adapté au cinéma par Charles Belmont en 1968. Boris Vian avait 26 ans lorsqu’il écrivit L’écume des jours en 1946. Vingt ans plus tard, c’est bien un film zazou que porte cette équipe de jeunes comédiens et techniciens…

Si la version de Michel Gondry sortie en 2013 est à oublier séance tenante, il est merveilleux de retrouver L’écume des jours adapté au cinéma par Charles Belmont en 1968. Bonne année, bon cru, mais le 20 mars n’était pas forcément une bonne date pour remplir les salles alors que deux jours plus tard la marmite commençait à bouillir à Nanterre. Le film est moins dépressif que le roman de Boris Vian, mais il en a conservé l’incroyable fantaisie. Plus que l’intrigue, donc le texte, c’est le contexte qui m’emballe. Les décors merveilleusement inventifs d’Agostino Pace ressemblent à ce que va devenir l’art moderne des années 70. La fraîcheur des comédiens rend le soufflet léger tel le mobilier gonflable et l’eau qui ruisselle, fut-elle mortelle. Jacques Perrin, Marie-France Pisier, Sami Frey, Annie Buron, Bernard Fresson, Alexandra Stewart sont des bulles de savon. On est aussi toujours content de voir Claude Piéplu ou d’entendre la voix de Delphine Seyrig. La bande-son fait partie du bonheur. André Hodeir a composé une partition jazz qui ne swingue pas plus que d’habitude, mais c’est ce qui fait son charme, droite, pimpante, pleine d’imagination, étonnante, et Pïerre Henry a sonorisé les machines avec ses bruits électroniques.

Boris Vian n’a pas eu beaucoup de chance avec le cinéma, sauf une fois

Chick, un temps pour mourir...

L’Écume des jours, de Charles Belmont, est effectivement une rencontre magique entre deux hommes qui ne se sont pas connus.

Michèle Levieux. L’humanité. 23 juin 2020

L’écrivain mythique auprès de la jeunesse, Boris Vian, n’aura jamais connu le film le plus purement en correspondance avec son œuvre : l’Écume des jours, tourné par Charles Belmont en 1967, et dont le DVD sort enfin ! 

Boris Vian aimait le cinéma, mais le cinéma ne l’aimait pas toujours. L’événement le plus funeste restera sa mort dans une salle de projection de la rue Marbeuf à Paris, le 23 juin 1959. Et pourtant, vingt ans après la sortie de l’Écume des jours chez Gallimard sans grand succès, lorsque Charles Belmont, un réalisateur d’une trentaine d’années dont c’était le premier long métrage, se lance avec témérité et détermination dans l’adaptation de ce roman apparemment irréalisable au cinéma, l’affaire est réussie. Mais ce film d’une fraîcheur et d’un érotisme inouïs, réalisé par une équipe jeune et interprété par des acteurs jeunes (Marie-France Pisier, Sami Frey, Alexandra Stewart, Jacques Perrin, Bernard Fresson), sorti en avril 1968 alors que la jeunesse découvrait depuis quelque temps l’œuvre de Boris Vian, n’a pas attiré le public.